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Droit de mourir dans la dignité

26 février 2014

Dérive argumentaire sur l'euthanasie.

 

 

Parcourant le fil d'actualité sur le #euthanasie de Tweeter, je suis resté en arrêt, consterné, par un message d'un médecin palliativiste qui compare la réflexion des médecins Belges de soins intensifs sur la notion d'euthanasie non demandée (la Société belge de soins intensifs a signé un document qui vient d’être publié dans le Journal of Critical Care 2014 Feb ; 29(1) : 174-5) avec un livre « La libération de la destruction d'une vie qui ne vaut pas d'être vécue » publié en 1922, dans l'Allemagne pré-Hitlérienne par l'avocat Binding et le médecin Hoche. Ce document épouvantable fera le socle de l'idéologie nazie et de la solution finale.

 

2014-02-26_070848

 

Comme on peut s'en douter, ce livre de Binding et Hoche fait la joie de la pensée doctrinaire sectaire en matière de lutte anti-IVG, laissant place aux commentaires les plus violents et insultants.

Comment se fait-il qu'aujourd'hui, un médecin pourtant habitué à réfléchir sur les problèmes éthiques, se laisse emporter dans la dérive de la pensée la plus caricaturale et réductionniste pour tenter de justifier son opposition farouche à toute aide médicalisée à mourir ?

Le débat sur l'euthanasie est avant tout une réflexion sur la liberté de choix, sur le respect des volontés humaines, sur l'autonomie comme droit fondamental de choisir pour soi-même.

Le débat sur l'euthanasie souhaite redonner une place centrale à la personne humaine dans l'expression du sens qu'elle donne à sa vie.

La réflexion sur l'euthanasie n'est pas la question "d'être ou ne pas être" mais surtout "d'être et se savoir être"

La réflexion sur l'euthanasie rejette tous les dogmes de masse qui tentent d'avoir prise sur l'individu en l'uniformisant dans le carcan de la pensée idéologique.

Le débat sur l'euthanasie est cette attention respectueuse portée sur la parole de l'Autre au sein de notre communauté humaine.

On peut alors voir facilement que la réflexion éthique sur l'euthanasie s'oppose catégoriquement à toute perspective eugéniste et que tout rapprochement avec le régime nazi et son extermination de masse est simplement honteux et abject.

Les déportés des camps d'extermination ont-ils exprimé leurs volontés et leurs choix de se trouver dans une telle situation ?

Pour ce médecin, je vais tenter le jeu de l'absurde afin qu'il puisse savourer l'incohérence et la méchanceté de ses arguments.

Comment va-t-il réagir si je lui dis que les nazis eux aussi limitaient l'alimentation et l'hydratation des déportés comme le font les soins palliatifs quand ils refusent l'acharnement thérapeutique?

On voit bien que le débat éthique ne souffre pas les analogies vulgaires.

Comparaison n'est pas raison. Ici, comparaison est déraison.

Philippe Maddaleno

 

 

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18 février 2014

Fin de vie : L'hypocrisie des mots

L'agitation médiatique autour de la fin de vie, de l'euthanasie et du suicide médicalement assisté fait ressortir les vieux démons doctrinaires, sectaires et dogmatiques.

Quotidiennement, on peut apprécier tous les slogans les plus caricaturaux qui vont de la simplification extrême de la pensée à l'insulte la plus basse et la plus vulgaire de ceux qui s'opposent à une loi sur la fin de vie légalisant l'euthanasie. Il suffit pour cela de se "promener" un peu sur les différents réseaux sociaux pour apprécier l'absence totale d'arguments qui sont remplacés par la haine.

Le dernier degré atteint, est cette comparaison faite entre les défenseurs du droit de mourir dans la liberté et les exactions commises par le régime nazi. L'absurdité la plus récente étant ce tag fait au désherbant sur l'herbe de Paris qui évoque "L'eutha-Nazi".

Cela peut énerver, blesser mais, en fin de compte, on s'aperçoit très vite de la pauvreté du message et l'indifférence fait place à la colère.

Bien plus dangereux et sournois sont les grands manipulateurs de mots, les joueurs de poker de la pensée, les bonimenteurs de l'éthique.

Il faut rester constamment vigilant et ne pas se laisser abuser par leurs tours de passe-passe dont le seul but est de défendre avec force et vigueur leur pensée dogmatique. Cette manipulation acharnée de la pensée et de l'idée doit être considérée comme une violente tentative de prise de pouvoir sur nos libertés individuelles et en particulier sur notre liberté d'analyse et de critique.

On les voit défiler les grands spécialistes de l'éthique, les experts en humanité. On les voit défiler dans la presse et à la télévision ces manipulateurs qui transforment l'éthique, dont le fondement même est le doute créateur qui interroge la vie, en messages dogmatiques d'une vérité absolue qui ne souffre aucune critique. Ces grands manipulateurs connaissent par coeur leurs textes. Ils les répètent depuis tant d'années, entre eux, dans des cercles très fermés de gens tellement ouverts. La pièce de théâtre est sue sur le bout des doigts, la mise en scène est rodée.

Le masque colle à la peau depuis tant d'années que l'on peut éventuellement penser que leur hypocrisie devient de bonne foi. Ils se mentent à eux-mêmes pour mieux mentir aux autres. Et, si vous osez contredire ces magnifiques experts, vous devenez alors immédiatement un excité qui décidément ne comprend rien à rien. Ce qui caractérise, entre autre, le manipulateur, c'est cette capacité de nier la parole de l'Autre soit en refusant tout dialogue soit en manifestant un profond mépris pour tout ce qui serait en désaccord avec sa propre vérité.

Il faut alors bien comprendre aujourd'hui que cette manipulation ne se résume pas dans la seule envie d'avoir raison et de briller publiquement. Non, cette manipulation a pour but de brider la controverse et d'anéantir la résistance. Cette manipulation est la manifestation même d'un putsch sur la pensée et de l'anéantissement de sa liberté d'expression.

Cette manipulation des mots et des idées prend figure de totalitarisme idéologique qui, dans la réflexion actuelle sur la fin de notre vie, bafoue et piétine l'expression intime de notre volonté et nos capacités à choisir pour soi-même.

Que ce débat sur la fin de vie fasse de nous des résistants refusant de vivre sous le joug des théoriciens doctrinaires qui souhaitent diriger nos vies jusque dans l'ultime seconde.

Le combat pour la légalisation de l'euthanasie n'est pas un combat dogmatique, c'est tout simplement un combat pour la liberté.

Philippe Maddaleno

 

 

 

 

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Droit de mourir dans la dignité
  • Le débat sur l'euthanasie et le suicide médicalement assisté déchaîne les paroles dogmatiques et fanatiques. La réflexion sur l'euthanasie doit replacer la personne malade au centre des décisions. L'autonomie c'est le droit fondamental de choisir pour soi
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